Qu’est-ce que le talent?

Être Doué ou ne pas l’être:

 Telle est la Question

Très souvent, (trop souvent, à dire vrai ! ) ceux qui me voient croquer un visage, une architecture en pleine rue, me déclarent, un sourire béa aux coins des yeux :

« Ahh… Pour vous, c’est facile : vous êtes DOUÉE ! »

Me comprendrez-vous si je vous dis que cette remarque m’encolére toujours ?

Si j’ai en moi à cet instant, un peu d’énergie, de patience, voir, un fond de généreuse pédagogie, je me laisse aller à expliquer à ( ces imb. Heureux,) à ces charmants passants, qu’il n’en est rien…

Être touchée par une bonne fée, mère Nature ou le doigt divin, n’a eu que peu d’incidence sur mes capacités graphiques. Il n’y a eu, je le crains, aucune lumière miraculeuse au-dessus de mon berceau. Cependant, quelqu’un de déterminant s’est bien penché sur mes couches-culottes ! Le fait que ma chère maman aurait souhaitée devenir peintre et que ses espoirs déçus se soient reportés sur sa fille me paraît une piste assez pertinente… Je confesse que mes premiers souvenirs sont liés à des dessins réalisés ensemble, à quatre mains. Nos deux têtes s’inclinaient au-dessus d’un seul papier qui se couvrait de merveilleuses couleurs. Ces instants de partages et de plaisirs ont fait naître ma passion pour l’art. Mon bonheur repose sur le simple fait que je n’y ai jamais renoncé…

Ce gentil loisir, je l’ai pratiqué avec une application obstinée sous le regard approbateur de ma mère qui m’offrait des bouquets de feutres à user… Étant aidée et aimée pour mes résultats de petite fille sage, j’étais fort fière de mes modestes créations ! Imaginez-vous qu’après quelques milliers d’heures de persévérance et plus de quarante cinq années d’études assidues, je sois parvenue à une certaine « fluidité » ? Et même un bon niveau…

Cette plongée dans mon passé m’a semblé très révélatrice de ce que j’ai pu constater avec l’immense majorité de mes élèves ou des artistes que j’ai pu côtoyer dans ma vie. La plupart d’entre nous avons une « filiation » artistique qui nous a orientée doucement depuis l’enfance. A titre d’exemple, citons le petit Amadeus qui fut grandement pris en charge par son exigeant papa, le professeur de violon Léopold Mozart. Les deux enfants de cette famille musicienne furent donc traînés dans toutes les cours européennes afin d’exploiter le généreux filon « jeunes prodiges ».

Je suis peinée lorsque j’entends parler de DON car cette notion est la négation même de toutes ces années d’efforts et d’exigences pour obtenir cette apparence de facilité… C’est pour moi un métier, qui, porté par une passion, m’a poussé à travailler plus longtemps et plus dur que beaucoup. Je crois enfin, qu’un talent qui n’est pas cultivé, se meurt et que vous perdez avec lui votre plus belle richesse.

Peu de choses nous sont réellement acquises à la naissance… Je ne suis pas née un pinceau à la main et un chevalet sous le bras ( Heureusement pour ma génitrice !) Comme tout savoir-faire, les beaux arts demandent techniques et persévérance. Il n’y a aucune obligation à les maîtriser, mais ils s’offrent à tous ceux qui le désirent. Si vous supposez qu’il faut avoir un « cadeau divin » pour avoir de quelconques facilités, vous vous interdisez cet apprentissage plutôt simple et tellement gratifiant. Le seul point essentiel reste votre Désir, ce merveilleux moteur de toute expérience réussie.

Oubliez vos réserves, vos croyances limitantes et prenez un crayon…

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